Patrick Pflücke a été – une fois de plus – aussi remuant que muet
(crédit photo @Servette FC)
Servette n’est plus invincible à domicile
À l’occasion de son 20ème anniversaire, le Stade de Genève a été le théâtre de la première défaite à la maison depuis près d’un an. Les Grenat s’inclinent au terme d’une rencontre aussi intense que controversée.
On ne s’est pas ennuyé à la Praille ce dimanche. On s’est surtout beaucoup énervé. Le jeu offert par Servette et Lucerne en première mi-temps était plaisant, les visiteurs ayant créé du danger très rapidement grâce à un plan tactique leur permettant de faire preuve de vitesse, avec des passes à trois parfaitement exécutées et un surnombre régulier dans l’axe. Si Cespedes n’a pas démérité, on se demande si David Douline aurait pu mieux gérer ce schéma de jeu qui a mis son équipe en difficulté. Les Grenat ont ensuite repris l’ascendant, touchant les montants par deux fois (Stevanovic à la 29e, Vouilloz à la 35e), avant que Lucerne les imite par Sorgic à la 40e minute. Malgré l’intensité de la partie, les cages restent inviolées, et on craint de vivre une partie frustrante.
En seconde mi-temps, une nouvelle combinaison rapide des hommes de Mario Frick à la 50e minute piège la défense grenat, Beloko manque sa frappe… et s’écroule. Après consultation de la VAR, Sandro Schärer prend une décision curieuse : alors que Beloko a pu tirer sans entrave, le fait que Mbabu marche – accidentellement – sur son pied va lui valoir un premier jaune, et un penalty, ensuite transformé par Max Meyer. Un tournant qui va confirmer notre frustration, le reste de la rencontre tournant au cauchemar. Si les coup d’éclat des Lucernois se poursuivront, même plus rarement, Servette va perdre Mbabu à la 77e minute pour un 2ème jaune pour avoir marché sur un 2ème pied. Puis Crivelli sur un gros « pétage de câble » à la 88e minute. Pourtant, les Genevois vont se battre, dominant même la partie à 9 contre 11 ! L’expulsion de Dräger à la 95e, également pour un 2ème jaune suite à une faute sur Touati, arrivera trop tard, et Servette subit sa première défaite à domicile de la saison.
Un nouvel arbitrage à deux vitesses
La prestation calamiteuse du directeur de jeu, assisté dans sa tâche par la VAR, aura pesé sur le résultat, mettant hors-jeu plusieurs joueurs pour la prochaine journée de championnat et même au-delà.
Nous l’avons appris peu avant la publication de cet article : le rouge de Crivelli a révélé un coup de pied sur le gardien, un coup de poing sur un deuxième joueur et un coup de boule sur un troisième. Le Français a par conséquent été suspendu pendant trois matches, et manquera la demi-finale de coupe de Suisse contre le FC Lugano, de même que le déplacement au Cornaredo ce week-end qui lui servira d’échauffement. Quand on revoit la séquence, on se demande si ces coups sont tous intentionnels et méritent une telle sanction, à l’exception du coup de boule qui méritait incontestablement un rouge et – à l’extrême limite – un match de suspension. Ceci alors que le Beka (le Lucernois ciblé par le coup de boule) n’a écopé que d’un jaune pour avoir saisi le cou de Crivelli avec l’entier de son bras, un geste qui n’a pas non plus sa place sur un terrain de football. Ajoutons le penalty douteux qui représente le seul but du match ou encore le rouge lucernois qui donne l’impression d’une tentative de Schärer de paraître capable d’égalité de traitement, alors que la faute était légère, et nous avons là une performance arbitrale d’un amateurisme choquant pour le chef de file du corps arbitral helvétique.
Nous reviendrons ultérieurement sur l’arbitrage lors des rencontres du Servette FC, le temps de vérifier les statistiques de la saison. Mais au-delà de l’arbitrage, précisons qu’il ne peut pas suffire à expliquer le résultat du match. Si Stevanovic a deux fois l’occasion de tenter une frappe de loin, il décide au contraire d’offrir un dernier caviar. Altruisme ou manque de confiance, le résultat reste le même : pas de but. Un manque de confiance qui peut aussi se lire chez d’autres joueurs dont la performance est bridée dans le secteur offensif, au point de faire du Servette FC la 3ème pire attaque du championnat, à égalité avec le FC Sion… co-lanterne rouge du classement ! Il y a ainsi une fragilité psychologique, qui se manifeste également à travers le « pétage de câble » de Crivelli à la 88ème. Une toile de fond dont les causes ne sont à ce stade que des hypothèses, mais qui commencent à semer le doute sur la capacité du club à réagir et gagner trois points plus régulièrement.
Le « pétage de câble » d’Enzo Crivelli lui vaudra trois matches de suspension
(crédit photo @Servette FC)
Homme du match
Au-delà de sa prestation, forcément limitée du fait qu’il n’entre qu’à la 75ème minute, nous saluons le symbole qu’il représente. Notre homme du match, Hussayn Touati, se bat comme un lion et permet non seulement aux siens d’exister encore à 9 contre 11, mais obtient également la faute qui entraîne l’exclusion de Dräger à la 95e minute. Touati incarne parfaitement ce qu’on a aimé chez les Genevois contre Lucerne : dynamisme, volontarisme et culot.
Hélas, même notre plaisir de le voir est gâché, car on a appris le lendemain qu’il n’avait pas été correctement inscrit sur la feuille de match et n’avait donc pas le droit d’entrer en jeu. Ce match est vraiment un mauvais sketch…
Le moment insolite
C’est la première fois que nos commentateurs Julien Trébert et Kieran Imboden font équipe pour couvrir un match. Aléa du direct, sous le coup de l’émotion ou rouages encore à trouver, Julien introduit la prise d’antenne en écorchant le prénom de son binôme. Une erreur qui disparait au fur et à mesure que le direct avance, « Kierian » devenant progressivement « Kieran ».
La citation du jour
« Revenir là et donner penalty là ça me paraît vraiment incroyable. »
Alain Geiger
L’interview
La réaction de Nicolas Vouilloz
Les chiffres de la rencontre
le nombre de cartons rouges distribués pendant la partie, et le nombre de matches de suspension écopés par Enzo Crivelli suite au sien
le nombre de matches depuis le dernier blanchissage des Grenat, pourtant encore 3ème meilleure défense du championnat
le nombre de matches sans défaite à La Praille depuis la rencontre du 30 avril 2022 contre St-Gall
le nombre de minutes jouées par Boris Cespedes sans écoper de carton jaune depuis son dernier avertissement jusqu’à celui qu’il obtient à la 46e minute. Historique !
Article rédigé par Diego Esteban
Publié aujourd’hui à 09:30
Article rédigé par
Diego Esteban
Publié aujourd’hui à 09:30
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