Un des éléments marquants de ce début de saison est le retour en force de Jérémy Frick
Crédit photo : Lucarne Grenat @Mathéo Salgado
Bilan du premier tour du SFC
Malgré une mortifiante élimination en Coupe de Suisse, Servette démarre sa saison dans le fauteuil de leader de Super League, après avoir tenu tête à des adversaires de prestige en Europe. Avec en toile de fond de nouveaux repères dans le jeu, mais aussi la crainte d’adieux déchirants en fin de saison.
Il faut avant tout relever que le club se porte bien, très bien. Les joueurs eux-mêmes ne s’autorisent aucune complaisance, mais il convient de souligner que nous vivons à nouveau une saison exceptionnelle. Après 11 journées de championnat, les Grenat occupent seuls la première place pour la première fois depuis 2003. Nous disposons du meilleur buteur de la ligue, de son meilleur gardien et probablement de sa meilleure ligne défensive. La relève occupe une plus grande place que par le passé. Enfin, malgré un tirage au sort extrêmement difficile (Braga en Europa League, puis Chelsea en Conference League), l’espoir a été longtemps maintenu par des performances disciplinées et courageuses.
Pour sa première saison aux commandes, Thomas Häberli réalise la meilleure saison de sa carrière dans l’élite, en faisant progresser encore davantage un projet qui avait déjà franchi plusieurs paliers sous les ordres d’Alain Geiger puis de René Weiler. Si on pouvait déceler une certaine timidité au départ, il a depuis lors réalisé un certain nombre de choix forts auxquels les résultats donnent désormais raison. La douloureuse relégation de Joël Mall au rôle de remplaçant était risquée, mais elle a ouvert la voie à un Jérémy Frick en pleine forme. Les jeunes de l’académie bénéficient d’une confiance accrue. Le jeu est plaisant et les buts pleuvent : Servette mène souvent au score, généralement dès la première mi-temps.
Tout n’est pas parfait, et l’élimination en Coupe de Suisse trône en tête des déceptions. Malgré leur statut de tenants du titre, les Grenat ont dû s’avouer vaincus, dans un match qui représente à ce jour surtout une erreur de parcours, leur seule défaite lors des huit derniers matchs n’ayant pas particulièrement affecté leurs performances ultérieures. Les émotions de juin au Wankdorf seront à chercher dans d’autres compétitions. On peut également mentionner la déroute 0-6 face au FC Bâle (pas encore rejointe par Shaqiri), un match abandonné avant le coup de sifflet final, et qui aura eu raison des temps de jeu de Mall, Baron et Guillemenot. Servette n’a en revanche plus perdu depuis ce fatidique 11 août, il y a bientôt trois mois.
Maîtriser la pression du leader
Il ne reste plus qu’une seule compétition à jouer, celle qui échappe au SFC depuis 1999 : le championnat. Les Grenat pourront-ils résister à la pression qui sera exercée sur eux ? Le mercato hivernal permettra-t-il de renforcer l’effectif sans déstabiliser la dynamique positive de l’équipe ?
Servette ouvre le score au Letzigrund et prend la tête du championnat. C’est ainsi que les Genevois avaient vécu cette situation pour la dernière fois, lors de cette victoire 0-1 contre le FC Zurich le 19 juillet 2003, obtenue grâce à un but de Goran Obradovic lors de la 2ème journée. Malgré une nouvelle victoire quelques jours plus tard face à Thoune (5-1), c’est le match suivant à Aarau (1-1) le 2 août de la même année qui a mis fin à cette courte série, Bâle prenant la tête du classement, puis du championnat, avec une avance de… 33 points sur Servette, qui finit à la troisième place. Nous nous garderons de tirer des conclusions trop hâtives, mais rien n’est gagné quand il reste 27 rencontres à jouer, pour un total de 81 points disponibles.
Après la retentissante victoire à Zurich contre le désormais ex-leader, on pourrait presque oublier que Mazikou, Antunes et Von Moos étaient blessés. De telles absences restent difficiles à compenser sur le long terme, et la course au titre se jouera beaucoup sur le terrain. Et le programme servettien sera chargé pour les prochaines rencontres : Lugano, Zurich et Lucerne à domicile, Bâle à l’extérieur et un derby du Lac de Genève à la Tuilière. Quatre matchs face à des concurrents directs. Et même en alignant les victoires, la tâche ne deviendra pas plus facile, car le titre se jouera également sur le plan mental. Heureusement, le groupe semble soudé et solidaire. Mais des nuages apparaissent à l’horizon.
Les fans grenat ont longtemps réclamé des renforts à la hauteur d’une course au titre. Dans un peu plus d’un mois, la période hivernale des transferts s’ouvrira, mais près d’un an après le transfert de Chris Bedia en Allemagne, les regards se tournent vers Dereck Kutesa, qui a déjà reçu des offres cet été et qui risque de partir libre à l’été 2025. Servette sera confronté au même dilemne : vendre son meilleur buteur en hiver pour toucher une compensation avant son départ, ou bénéficier de ses services toute la saison, quitte à prendre le risque qu’il ne renouvelle pas son contrat et parte gratuitement ? L’équipe pourrait-elle survivre à un départ d’un de ses meilleurs éléments ?
Ces questions se poseront pour d’autres joueurs dans leur dernière année de contrat : Crivelli, Ondoua, Mazikou, Baron, Douline et Stevanovic pour ne citer qu’eux, sans oublier les offres qui pourraient parvenir à des joueurs en forme comme Cognat ou Tsunemoto. Le titre en championnat n’a jamais semblé aussi proche, mais si les Grenat vont jusqu’au bout du rêve, on risque le brutal changement de générations dans le vestiaire, six ans après la promotion en Super League. Une manière de clore en beauté des carrières légendaires pour des hommes irremplaçables. Mais pour cela, il faut suivre leur exemple, ne pas faire de plans sur la comète, et prendre chaque match l’un après l’autre.
L’avenir de Timothé Cognat sera-t-il encore à Genève en 2025 ?
Crédit photo : Lucarne Grenat @Mathéo Salgado
Le joueur du début de saison
L’état de grâce de Servette ne peut pas être attribué qu’à une seule personne. Frick est devenu impassable (meilleur pourcentage d’arrêts de la Super League), la ligne défensive est exceptionnelle, Cognat est toujours aussi indispensable. Les jeunes convainquent et reçoivent davantage de temps de jeu. Stevanovic réussit en octobre les statistiques offensives qu’il n’avait réalisées qu’en mars, lors de la saison passée.
Un consensus pourra probablement être atteint concernant Dereck Kutesa, meilleur buteur du championnat, et auteur de quasiment la moitié des buts du SFC en Super League. Si Murat Yakin ne le convoque pas en équipe nationale, Genève devrait faire sécession pour accorder au virevoltant latéral la reconnaissance qu’il mérite !
Le moment mémorable du premier tour
Pas d’hésitation en revanche pour le moment le plus mémorable de ce début de saison. Recevoir Chelsea à la Praille dans un stade à guichets fermés, renverser les pronostics en obtenant une victoire méritée mais inespérée sur le papier, c’est le genre de moments qui façonne une nouvelle génération de fans. Le club a publié sur sa chaîne YouTube la rediffusion intégrale du match, sans commentaires : nous vous invitons à profiter pleinement du rugissement de la foule sur le 2-1 de Crivelli à la 72ème minute. Jamais auparavant le SFC n’avait défié un vainqueur de C1 et gagné le match !
Les chiffres du premier tour
La position du SFC au classement de Super League, pour la première fois en 21 ans.
Les buts marqués par Servette lors des deux derniers derbys contre Sion, pour 0 encaissés. Le Rhône est Genevois !
Les buts marqués par Kutesa cette saison, auxquels s’ajoutent deux assists. Inarrêtable !
Le nombre de jours que les Grenat ont dû attendre avant de devenir à nouveau leaders du championnat.
Article rédigé par Diego Esteban
Publié le 29 octobre 2024 à 12h10
Article rédigé par
Diego Esteban
Publié le 29 octobre 2024 à 12h10
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