Le 28 février 2015, une date qui commence à s’estomper dans ma mémoire, mais dont les événements demeurent précisément gravés dans ma tête. Quelqu’un avait insisté tout au long de l’hiver pour que j’assiste à un match de son club préféré, le Servette FC, qui était alors en 2ème division suisse. Le match, qui avait lieu après une longue trêve hivernale, opposait Servette à Chiasso. Jusque-là, je ne connaissais absolument rien du football suisse, à part les grandes lignes de l’équipe nationale, et encore moins du club genevois.

Mon ami m’avait parlé de ce magnifique Servette en reconstruction, qui jouait apparemment à merveille. Quelle déception de voir l’équipe jouer à ce moment-là : des contrôles de balle ratés, un match soporifique, un stade complètement vide et le froid glacial d’un hiver trop cruel ternissaient cette soirée de découverte du monde servettien.

Malgré tout cela, quelques éléments positifs me surprirent : une ambiance familiale, une incroyable bicyclette de Besnard pour ouvrir le score, et un groupe de supporters qui, malgré leur petit nombre, chantaient sans cesse. Une véritable âme émanait de ce club.

Ces points positifs me donnèrent envie de suivre de près l’évolution de cette équipe genevoise, surtout grâce à l’influence et à l’insistance de mon meilleur ami qui m’introduisait dans l’univers de Servette peu à peu. Les années passèrent, j’ai vécu les lourdes défaites contre Xamax et Zurich, le départ de Nsame, l’arrivée de Stevanovic, la quasi-qualification de Servette face à un Lucerne extrêmement fort, et le but du très jeune Alexis Antunes qui nous a permis d’atteindre la séance de tirs au but que nous avons perdue quelques minutes plus tard, avec un grand désespoir.

Peut-être est-ce à cette occasion que la petite flamme grenat s’est allumée dans mon cœur. C’était peut-être en voyant le courage, la noblesse et l’engagement de cette équipe de Servette que j’ai commencé à vraiment aimer ce club, malgré la défaite.

J’ai progressivement intensifié mon engagement envers ce club. Je crois avoir encore la quasi-totalité des billets des matchs auxquels j’ai assisté dans une petite boîte qui ne se ferme plus. Peut-être aurais-je dû noter tout cela sur Futbology, mais je préfère ma manière actuelle.

J’ai suivi de près l’année de la montée, allant même au premier match de la saison contre Aarau, où j’ai réussi à me glisser parmi les supporters de la tribune principale d’Aarau pour être près des commentateurs de Lucarne Grenat (Ge-Sports ou Titulaire.ch à l’époque). J’ai eu du mal à ne pas crier trop fort lors du missile de Wütrich qui scella la victoire.

Ensuite, j’ai continué de suivre le club en assistant à de nombreux matchs de la saison 2018/19, qui nous ont procuré autant d’émotions. Par exemple, le match sous la neige que j’ai vu depuis l’aéroport en plein travail, ou encore le match à la Praille contre le même adversaire pour célébrer notre promotion.

Et puis la première année en Super League est arrivée, avec la crainte de retourner en Challenge League, mais elle s’est terminée avec la surprise de se retrouver sur le « podioum », comme dirait Alain Geiger. La saison 2021/22, où j’ai rejoint Lucarne Grenat, pour me rapprocher encore plus du club que j’aimais désormais, m’a permis d’interviewer les joueurs, de commenter leurs matchs, et même de faire des déplacements avec des gens formidables. J’ai vu le club continuer de grandir et les supporters venir de plus en plus nombreux au stade…

Le lendemain de ma visite au stade contre Saint-Gall, toutes ces pensées me traversent l’esprit. Je pense à ce temple, comme je l’appelle en plaisantant, où des milliers d’âmes se rassemblent pour célébrer un amour unique, un amour grenat.

Mon imagination m’éloigne du match que je viens de voir, et une image saisissante me vient à l’esprit. Un stade plein, l’odeur de la poudre, le rouge éclatant des fumigènes, une vague sourde secouant chaque corps dans le stade. La tension monte, l’estomac se serre, la gorge se noue, les frissons, les yeux humides et la poitrine qui se gonfle pour devenir un tambour prêt à émettre son cri de guerre. Et le peuple servettien prêt à pousser un cri strident dans une vague à couper le souffle, pour montrer la ferveur grenat. Un cri de guerre qui frappera certainement nos oreilles, faisant comprendre qui est Servette.

Et ne me méprenez pas, cela n’autorise personne à faire du mal ou à blesser quelqu’un, mais quand la fête du football reste dans les limites du raisonnable, elle est si belle !

Quel rêve d’imaginer ce stade complet, un rêve impossible pour beaucoup, qui sera bientôt exaucé au Stade de Genève !

La vie ne se résume pas au football, vous me direz, mais quel monde magnifique dans lequel vivre. Un endroit unique où nous pouvons oublier nos problèmes et nos peines, où il est presque impératif de libérer toutes nos émotions et de crier jusqu’à se déchirer les cordes vocales pour une catharsis parfaite. Un endroit où l’unité est possible, où nous répondons tous à la même couleur, peu importe notre contexte : le grenat (pour le Stade de Genève).

Je garderai toujours en tête « Post tenebras lux » pour me rappeler de mon expérience servettienne et de mon parcours de vie, et je sais que désormais je serai supporter de Servette à jamais ! Je pense que beaucoup d’entre vous ont également des expériences à partager, et j’espère que vous le ferez, vous qui lisez cet article.

Rendez-vous au Stade de Genève, devant votre téléviseur, dans un restaurant, un bar ou une rue, peu importe tant que c’est pour faire vibrer notre capitale !

Publié le 14 août 2023 à 14h00