Entraîneur depuis juillet 2023, Jose Barcala a prolongé son contrat au moins jusqu’en 2026 !
Crédit photo : Lucarne Grenat @Mathéo Salgado

Barcala : « La possession n’est qu’un outil »

Jose Barcala, entraîneur du Servette FC Chênois Féminin, revient sur sa première saison à la barre, sa philosophie de jeu et ses ambitions pour le club. Avec la prolongation de son contrat, le technicien espagnol vise le long terme.

À l’aube des demi-finales de play-offs contre YB, qu’elles ont déjà battues en finale de Coupe de Suisse le 20 avril dernier, les Servettiennes s’entraînent à la Fontenette par un bel après-midi ensoleillé. C’est à cette occasion que nous avons interviewé Jose Barcala, entraîneur. Un bel esprit d’équipe, une intégration réussie des nouvelles joueuses, comment gérer la pression du dernier sprint, à trois matchs d’un titre attendu depuis l’introduction des play-offs ? « Il n’y a pas de pression mais une responsabilité, les joueuses doivent juste s’assurer de finir la saison avec le sentiment d’avoir tout donné. » Pour le technicien espagnol, le bilan de la saison en championnat ne dépendra pas tant du titre en championnat que de la performance en général, car ce qui compte, ce sont les aspects sur lesquels l’équipe a une maîtrise.

Cette saison était la première de Jose Barcala au gouvernail, comment voit-il son rôle ? « C’est un travail d’équipe, avec d’un côté le staff qui s’engage à 100%, et de l’autre un effectif rempli de talents très investis. Nous n’aurions pas eu de tels résultats sans ces éléments indissociables », introduit-il. La clé pour gagner, c’est de mériter la victoire en se comportant chaque jour comme l’équipe que l’on veut être sur le terrain.

Celui qui est également à l’œuvre auprès de l’équipe nationale féminine d’Écosse se livre sur sa vision tactique : « la possession n’est qu’un outil, il faut faire preuve de régularité en défense, tout en étant précises, cliniques et coordonnées dans le dernier tiers. » Cette articulation entre la défense de son tiers et l’efficacité dans le dernier tiers est la clé de voûte de sa méthode, qui peut s’appuyer sur le jeu de possesion sans en dépendre exclusivement. Cela implique toutefois de gérer le pressing adverse : « aujourd’hui, toutes les équipes veulent presser haut et avec intensité, il faut donc être à l’aise avec le ballon et sous la pression. » Et face à un adversaire jouant bas et compact, la coordination offensive reste la clé.

« Le jeu est en transition permanente entre l’attaque et la défense, il faut donc savoir gérer cette transition. » Pour le coach grenat, si le SFCCF a une position dominante en Suisse, il peut s’appuyer tant sur la possesion que sur le pressing : « nous voulons être capables de récuperer la balle en moins de 5-6 secondes, d’où l’importance de garder les distances entre les joueuses très courtes. Si nous attendons de perdre la balle pour passer en transition défensive, c’est déjà trop tard. » En quelque sorte, la transition défensive fait intrinsèquement partie du jeu de possession. Les courtes distances permettent des passes plus nombreuses, plus rapides, plus précises, et permettent une meilleure réactivité pour le pressing en cas de perte de balle.

Jose Barcala est heureux de disposer de joueuses qui se fondent à merveille dans son plan de jeu. « Pour les transitions offensive et défensive, nous avons des joueuses de qualité et rapides comme Kass (Korhonen) et Imane (Saoud). Quand l’adversaire nous donne de l’espace, nous pouvons chercher la profondeur en seulement deux passes. » Les mots-clé dans cette dynamique sont la flexibilité, la lecture du jeu et l’adaptation aux circonstances, et son effectif lui offre de nombreuses solutions de rechange. « Je dispose d’une équipe fantastique que je peux faire tourner sans baisser le niveau. » Les joueuses foulent toutes le terrain avec une certaine régularité, ce qui les familiarise avec le rythme des compétitions en permanence. Mais le SFCCF analyse aussi en détail ses adversaires, et aligne les joueuses en fonction des tactiques propres à chaque match.

Barcala : « Ce championnat est compétitif »

Le SFCCF a déjà obtenu la coupe cette saison, mais le titre en championnat lui échappe depuis l’introduction des play-offs en 2021, malgré deux finales, perdues contre Zurich. Pas de pression pour le coach grenat, mais des intentions qui se projettent déjà sur la saison prochaine.

Avec trois titres en quatre ans, on peut dire que le SFCCF occupe les premiers rôles dans le football féminin suisse. Que peut-on encore viser quand on a déjà un statut de patronnes ? « La marge de progression de cette équipe est infinie, c’est une des raisons pour lesquelles j’ai choisi de rester, parce que je pense que la saison prochaine, on pourra avoir une équipe plus précise, plus coordonnée, plus constante en défense. » L’entraîneur se soucie essentiellement des éléments sur lesquels lui et ses joueuses ont une maîtrise. Deux joueuses (Mauron et Mendes) viennent d’être récompensées par leurs pairs au sein du « Golden Eleven » de la SAFP (Swiss Association of Football Players), une récompense méritée selon le coach. « C’est un travail d’équipe, elles ne sont probablement pas les seules dans mon équipe à mériter une récompense, j’en offrirais une à chaque joueuse ! »

Une compétition dépend néanmoins également de la qualité de l’adversaire, et bien qu’il ait déjà exercé comme entraîneur assistant de l’équipe masculine du FC Aarau, l’expérience de Jose Barcala comme entraîneur principal et dans le football féminin lui vient surtout de l’étranger. Comment notre championnat se distingue-t-il des autres compétitions qu’il a connues ? Pas comparable pour le technicien, car il a entraîné Bordeaux dans le championnat français, une des meilleures ligues d’Europe. Celle-ci est toutefois outrageusement dominée par deux géants, Lyon et le PSG. « Je dois dire qu’ici la lutte pour le titre est très ouverte, chaque équipe du top 5 a les capacités d’atteindre l’objectif. Donc je pense que ce championnat est compétitif. » Et quid du format des play-offs ? « J’adorerais récompenser l’équipe la plus régulière tout au long de l’année plutôt que de disputer l’intégralité de l’enjeu sur un seul match. Mais c’est ainsi, nous devons nous adapter et nous le ferons. »

Avec 12 réussites, Korhonen est le meilleur atout offensif grenat cette saison
Crédit photo : Lucarne Grenat @Santhosh Muraleedharan

Les chiffres

Les titres obtenus par le SFCCF cette saison sur un maximum de deux possibles. Mais aussi le nombre de défaites concédées.

Le nombre de finales de play-offs disputées par les Servettiennes depuis l’introduction du nouveau format. Une troisième en vue ?

Le nombre de matchs qui séparent le SFCCF d’un éventuel titre en finale de play-offs. Rendez-vous les 12 (à Berne) et 19 mai (à Carouge), en espérant retrouver la finale le 26 à Thoune !

Le nombre de buteuses du SFCCF cette saison, le classement est mené par Korhonen (12), Saoud, Serrano (9) et Simonsson (8), toutes compétitions confondues.

Article rédigé par Diego Esteban

Publié le 11 mai 2024 à 17h00

Article rédigé par
Diego Esteban

Publié le 11 mai 2024 à 17h00

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