Le parc Saint-Jacques restera une forteresse hermétique aux assauts genevois. Le FC Bâle l’emporte 2-0 au terme d’une rencontre riche en bon football, en fair-play, et – une fois de plus – en décisions incompréhensibles de la part de l’arbitre.
Le match
On savait cette rencontre compliquée mais pas inabordable pour les hommes d’Alain Geiger : forts de deux victoires consécutives et d’un plan de jeu de plus en plus solide, ils affronteraient une équipe capable de prendre la 2ème place du championnat mais peut-être gagnée par la fatigue, le FC Bâle ayant un programme chargé en tant que seul club suisse encore engagé dans une compétition européenne. C’est toutefois avec un certain culot que Servette a dominé la première mi-temps, comme sur cette magnifique frappe d’Imeri à la 12ème minute, alors que les locaux faisaient preuve d’un attentisme qui a longtemps énervé leur propre public.
Puis subitement, à la 30ème minute, une rupture de Dan Ndoye sur la droite des buts de Jérémy Frick sera interrompue par un contact extrêmement léger avec Moussa Diallo. L’arbitre y verra une « annihilation d’une occasion de but manifeste », à savoir une faute de dernier recours, synonyme d’expulsion. Cette interprétation fut longuement débattue en tribune de presse, mais sa conclusion est sans appel : pour la troisième fois consécutive, un joueur grenat se fait expulser en première mi-temps au Parc Saint-Jacques. Laissant les Genevois à 10 contre 11 pour les deux tiers de la rencontre. Les hommes d’Alain Geiger ne se laisseront pas abattre, bien au contraire. En témoigne, une minute plus tard, cette frappe opportuniste et très lointaine de Rodelin, tentant de prendre par surprise un Heinz Lindner contraint à dévier la balle en corner. Les Bâlois, peu dangereux en première mi-temps, prendront l’ascendant en seconde. Il faudra un Frick magistral, ainsi qu’un Rodelin sur la ligne de but, pour retarder l’inévitable ouverture du score. C’est à la 70ème minute que Chipperfield,18 ans, inscrira son 1er but professionnel à sa troisième apparition seulement. Le FC Bâle mène logiquement face à des grenat qui n’auront néanmoins jamais démérité.
Le FC Bâle se montre régulièrement dangereux, mais Servette tente de répliquer : Lindner sauvera du pied sur une frappe d’Antunes (79ème minute), puis Imeri manquera de décocher une frappe à 10 mètres des buts bâlois. Du beau football affiché des deux côtés durant toute la rencontre, qui aura été émaillée par des décisions intempestives de l’arbitre Alain Bieri, à savoir des cartons jaunes infligés à Clichy et Douline sans motif évident. Des décisions qui mettront les Genevois devant le fait accompli lorsqu’à la 85ème minute, Clichy écopera d’un jaune logique… sauf qu’il s’agira du deuxième. Que Servette finisse à neuf aura choqué l’équipe de GE-Sports, tant le lien entre les événements du jeu et la réaction arbitrale sera ténu. Comme pour renforcer l’absurdité de la situation, dans la foulée de l’exclusion de Clichy, Sasso prendra un jaune.
Les Bâlois mettront fin aux débats à la 88ème minute et ce 2-0 marqué sans gloire par Szalai. Au-delà de cette victoire méritée pour les hommes de Guillermo Abascal, il semble inconcevable qu’une partie aussi intéressante sur le plan sportif soit ainsi sabotée par un arbitre aussi vulnérable à des gestes d’humeur. Surtout qu’elle aura une influence massive sur le prochain match des Genevois contre le FC Sion, la rencontre contre Bâle entraînant d’office la suspension de trois des quatre défenseurs titulaires (Diallo, Clichy et Sasso) ainsi que de David Douline. L’arbitrage semble une fois de plus sévère « pour rien », le match se déroulant en réalité sans violence ni antijeu. Il l’est surtout une fois de plus contre un club romand face à un adversaire alémanique, un fait qui devrait un jour ou l’autre entraîner le corps arbitral à se remettre en question face à des biais confinant à de la discrimination basée sur le maillot, du moins peut-on l’espérer…
Les chiffres
0 comme le nombre de fautes bâloises méritant un carton, sur un total de 10. La statistique pour les grenat est de 4 jaunes et 2 rouges pour 13 fautes. Une disproportion rocambolesque à laquelle on n’arrive pas à s’habituer, malgré le nombre de fois où ce scénario se répète.
4 comme le nombre de joueurs grenat suspendus en raison des cartons écopés durant la rencontre, dont trois quarts des défenseurs titulaires. Certainement une manière pour Alain Bieri de contraindre Alain Geiger de donner davantage de temps de jeu aux jeunes du club…
22 comme le nombre de tirs au but décochés par les locaux, contre 8 pour les Genevois. Signe de l’intensité du siège subi par les grenat, en infériorité numérique durant la majorité de la partie. Preuve aussi de la solidité du collectif face à l’adversité, car la facture aurait pu être encore plus salée.
19’401 comme le nombre de spectatrices et spectateurs dans les tribunes du Parc Saint-Jacques, à savoir le plus grand public pour une rencontre des grenat depuis la rencontre et la victoire à Berne contre les Young Boys en décembre de l’année dernière.
Le joueur du match
Les conditions difficiles dans lesquelles Servette a dû disputer cette rencontre n’ont pas fait émerger un joueur parmi le collectif, ce qui ne nous dérange pas tant ce collectif doit être salué pour sa solidité face au FC Bâle et l’infériorité numérique. Un état d’esprit solidaire, réactif et culotté de l’ensemble de l’équipe a fait oublier les deux précédents naufrages au Parc Saint-Jacques.
Le moment insolite
Le parc Saint-Jacques est le plus grand stade de football de Suisse, il a connu de nombreuses grandes rencontres internationales et vu jouer de grands joueurs. On se réjouissait de découvrir un stade grandiose où tout est bien organisé. Sauf qu’à chaque déviation de trafic routier, personne ne semblait être au courant du lieu où les médias pouvaient se garer. L’équipe de GE-Sports a donc décidé de prendre une place dans un parking payant, avant de découvrir que les accès piétons étaient tous bloqués. Après avoir contourné la quasi-totalité du stade, il a enfin été possible de trouver notre place…
Les citations du jour
« Clichy est un garçon de niveau international, et il a affaire à un arbitre de bas de tableau chez nous. » Alain Geiger
« Ce qui serait intéressant c’est de comprendre les avis des arbitres dans les décisions qu’ils prennent, publiquement. […] Ce serait bien que les arbitres donnent un compte-rendu comme on le donne ici en conférence de presse. » Alain Geiger